Cacahuètes : petites graines et gros bénéfices, à quel prix ?

Article : Cacahuètes : petites graines et gros bénéfices, à quel prix ?
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4 avril 2013

Cacahuètes : petites graines et gros bénéfices, à quel prix ?

arachides grillees

Les grands carrefours de la ville de Yaoundé en sont bondés. Ces vendeuses de cacahuètes emballées dans des papiers plastiques ou dans des bouteilles de whisky. L’activité est exercée essentiellement par des femmes très souvent aidées par leur progéniture : leur petite fille. Installées sur le trottoir sur un banc de fortune ou simplement sur une natte, elles passent leurs journées sous le soleil. Leur travail consiste essentiellement à débarrasser les graines de leurs …….. puis de les emballer avant de les exposer sur un plateau. Ces paquets coûtent généralement 50 F CFA, et les bouteilles quant à elle coûtent entre 1200 F Cfa et 1800 F Cfa. Les clients véhiculés qui passent très souvent par là constituent la plus grosse source de bénéfice de ces dames. Ce commerce qui semble nourrir son homme, n’est pourtant pas dénuer de tous risques  – comme tout travail, me direz-vous.

Un soir après une dure journée de travail, je m’apprêtais à rallier le rond-point Nlongkak pour y prendre un taxi, j’ai assisté à une scène des plus effrayantes. Une voiture, genre 4×4, s’est retrouvé entrain de garer tout près des vendeuses. Comme d’habitude, et parce que ce genre de client paie généralement gros, les vendeuses se sont presque jetées sur la voiture qui roulait encore. Une que j’ai particulièrement observée, a dû laisser tomber son enfant (un nourrisson) dans sa course effrénée au client. Le pauvre qui n’a pourtant rien fait pour mériter çà s’est retrouvé à même le sol sanglotant à tue-tête.

C’est alors que des passants se sont mis à crier. Une scène comme celle là ne laisserait d’ailleurs personne indifférents. Surtout chez nous où on se dit tout dans la rue au point de proférer des injures. Les passants ont donc traité la pauvre mère, nécessiteuse et qui se bat certainement pour assurer le repas du soir à son enfant, de tous les noms. « Si le bébé là meurt là maintenant tu vas dire que tu cours quoi en route » a lancé une dame. Un autre passant d’ajouter : « c’est même l’argent de quoi comme çà ? ». Une situation perplexe et embarrassante pour la mère qui tout doucement a repris son enfant dans ses bras. Son visage ridé renfaitait la dureté de la vie.

Mariée très jeune (comme il est de coutume chez les tribus bororos du nord Cameroun) elle s’est certainement retrouvé sous le joug d’un mari dominateur, incapable de subvenir à ses besoins primaires, alimentaires et sanitaires. Elle s’est retrouvée dans la rue à se débrouiller afin de joindre les deux bouts. Les Hommes ont manqué d’indulgence à son égard et l’on traité de tous les noms d’oiseaux. Au plus profond de moi, j’ai admiré sa bravoure. Cette abnégation face aux difficultés pour assurer le mangé à ses enfants le soir. Un attendrissement  m’a traversé l’esprit, et déjà, le klaxon tu taxi m’interpellait. Il était temps de partir.

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