Macase, tel un phœnix

24 septembre 2012

Macase, tel un phœnix

La renaissance est-elle en marche ? Oui. Après plusieurs départs qui ont fragilisé le groupe, Macase fait son come-back après une longue période d’hibernation. Serge Maboma et les autres n’ont pas laissé la douleur se servir du groupe, mais s’en sont servi pour réussir. Apologue d’un groupe mythique.

(c) Image d’illustration

Fin des années 90. Le Cameroun sort d’une violente crise économique et le mouvement n’est pas en reste. C’est dans un environnement où la piraterie dicte sa loi que de jeunes  gens fans de world music prennent le risque de sacrifier leurs études pour suivre la musique, un métier maudit. Né officiellement le 16 mai 1996 à Yaoundé, le groupe Macase bas pourtant tous les records de longévité : 15 ans. A la manœuvre, le groupe compte sept musiciens : Corry Denguemo, Blick Bassy, Ruben Binam, Serge Maboma, Henry Okala, Roddy Ekoa et Roger Dubois. Tout est donc réuni pour donner une nouvelle coloration à la musique camerounaise. Celle de Macase se veut métissée. « Nous sommes convaincus que le métissage c’est l’avenir du monde dans lequel nous vivons. On ne peut plus aujourd’hui se prévaloir d’une authenticité pure et dure comme c’était le cas avant! Aujourd’hui nous sommes ouvert au monde, et qu’on le veuille ou non nous évoluons dans un univers mondialisé. De ce fait nous devons avoir un discours de jeunes africains qui vivent en Afrique et qui ont un regard sur le monde pour que nous puissions avoir notre mot à dire dans cet univers mondialisé. Si nous n’avons rien à dire on ne nous écoutera jamais ! », déclare Serge Maboma, le bassiste du groupe.

Une ouverture vers le monde qui projette très vite le groupe sous les feux de la rampe. La bande à sept est finaliste du prestigieux prix découverte Rfi. Un prix qu’il remporte mais qui lui est retiré suite à une plainte de leur producteur Sam Mbende. Motif : ils se seraient présentés sans le prévenir. Cette mésaventure n’attendri nullement le groupe qui continue de travailler et aligne concerts après concerts et tournées à travers le continent et au-delà.

La nouvelle écriture

L’acte de renaissance a été signé ce vendredi 21 septembre à Yaoundé. Sur les planches de l’Institut français, Serge Maboma et Roddy Ekoa les deux seuls rescapés du naufrage qui a emporté cinq membres fondateurs ont démontrés que Macase a encore de beaux jours devant lui. Le poème d’ouverture dit par Serge le démontre d’ailleurs à souhait. C’est en reprenant les paroles de Rudyard kipling, « tu seras un homme… mon fils » que le spectacle commence, dans une salle tenue en haleine et prête à vivre la nouvelle page de Macase.  Au total, treize chansons seront interprétées. Une balade musicale à travers les dix régions du Cameroun en langues mvele, éwondo, anglais, français, fufuldé… Un hommage sera rendu aux mentors de la musique camerounaise Noël Ekambi et Manu Dibango à travers le titre « Soul Makossa ». Le public va se régaler en appréciant toutefois le gros travail instrumental qui a fait la notoriété du groupe. Maboma à la Bass, Wilfried Etoundi à la guitare Jules Tawamba au piano, Abanda Petit Jean aux percussions… Et la grosse surprise de la soirée, les trois choristes, les « trois vierges ». Avec leur voix sensuelles, elles feront désormais parti du groupe.

A la fin du spectacle, le nouveau leader du groupe a du mal à contenir sa joie. Une joie mélangée de tristesse. Si Serge Maboma qui a fondu en larme manifestait là sa joie de voir revivre le groupe dont tout le monde avait prédit la disparition, il rendait par la même occasion un hommage à sa grand-mère décédée quelques heures avant le spectacle. Un retour réussit, à en témoigner par le standing ovation interminable rendu par le public à la fin du spectacle.

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Commentaires

Fadidac
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Que ne peut détruire l’égoïsme? Que nous sommes parfois si aveuglés de voir dans quel gouffre il nous mène toujours! Tout en espérant que les mêmes causes ne ré-produiront pas les mêmes effets, je souhaite bonne chance à ce groupe qui renait de ses cendres.