Quand le dogme nous tient

Article : Quand le dogme nous tient
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15 octobre 2012

Quand le dogme nous tient

J’ai vécu un week-end triste. Oui, quand les lions devenus chatons ratent pour une seconde fois consécutive une qualification pour la coupe d’Afrique, il y a de quoi être triste. Surtout que gueulard que je suis, j’avais déjà harangué mes collègues et voisins. Pauvre de moi, qui ne jurais que par une large victoire: 4 buts à zéro pourquoi pas, et nous voilà au pays de Nelson Mandela ! Le miracle n’a pas eu lieu à Yaoundé et la maigre victoire des lions devenus chatons sonne comme une défaite, une déception. J’avais décidé d’aller regarder le match chez mon ami d’enfance. Il n’était pas question de se rendre au stade. L’expérience d’après match lors de la rencontre contre le Sénégal il y a un an n’était pas du tout bonne. Suite à leur qualification manquée à la CAN 2012, la population remontée voulait en découdre avec lions. Je m’étais retrouvé seul aspirant du gaz lacrymogène, loin de mes deux compagnons eux même prit en sandwich entre les forces de l’ordre et les casseurs. Il n’était donc pas question de remettre çà ce dimanche.

Avec mon ami d’enfance Billy, on a donc décidé de regarder le match à la télé. « Il n’a pas plut aujourd’hui, hum… les lions ci ne vont pas gagner le match là » a lancé mon ami Billy me voyant arriver. Florence sa compagne d’ajouter « les sorciers du stade là on encore faim donc, pas de qualification aujourd’hui ». Un peu irrité, j’ai maugréé quelques raisons d’y croire. « Qu’est ce que vous racontez même ? Ces capverdiens là ne vont même pas réaliser où ils se trouvent, les lions ne sont jamais aussi forts que lorsqu’ils sont dos au mûr ». A peine avait-on joué 15 min que nous étions menés au score. Je suis du coup devenu évasif. La cuillère que je tenais en main est tombée alors que j’avais du mal à manger le repas que Florence la compagne de Billy avait servit. « Ah ! On arrache déjà ta femme hein… en plus de la défaite qui arrive là », me lance Florence. Et moi de répliquer :

– hein ! Comment çà on arrache ma femme ?

– Tu ne sais pas ? Chez nous quand tu manges et que ta cuillère tombe c’est que quelqu’un courtise ta femme.

– Çà alors !

Après cet échange la causerie atourné autour des dogmes qui rythment et parfois nous hantent au quotidien. Fondés ou simple supputations, l’on ne s’en décolle pourtant pas. Ainsi, pourtant basés sur aucun raisonnement scientifique ces croyances nous confortent dans l’idée qu’une bonne ou mauvaise nouvelle nous sera annoncée, qu’on aura éminemment de l’argent, que l’on est voué à un succès dans notre affaires ou tout simplement que l’on va passer une très mauvaise journée. « Je savais que ma journée allais mal se passer car je me suis lever sur mon mauvais pied » a-t-on coutume d’entendre lorsque face à une situation donnée, un individu perd ses moyens. Se lever du pied gauche est, dans notre imaginaire, un signe de mauvais augure. Tout comme lorsque l’une de nos paupières se met à battre infiniment. Et même si l’on a été exposé aux grains de sable ou de poussière qui pourraient nous mettre dans cet état, l’on n’y pense pas et l’on remet tout au « sort », au destin. Des croyances qui rythment notre vie, il y en a à la pelle. Illustration :

Ne jamais taper sur un banc sur laquelle est assise une jeune fille car elle risque des difficultés à enfanter ;

Un abcès sur un œil est signe d’une grossesse imminente au sein de la famille ;

Avoir des fourmillements dans la paume de la main est signe que l’on aura bientôt beaucoup d’argent ;

Se cogner le pied gauche en sortant de la maison présage une mauvaise journée ;

Traversée une échelle, un balaie le matin présage une mauvaise journée ;

Des papillons qui voltigent dans votre maison annoncent l’arrivée des invités de marque ;

Entendre chanter le hibou à votre gauche sur un chemin est annonciateur d’un deuil etc.

Cette adhésion aux forces naturelles frise le déterminisme. C’est un héritage sociologique. Cela fonctionne-t-il toujours ? Là est toute la question.

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